Alain Rousseau Lauréat du prix G#1 du concours Rankart

L’interview du lauréat du prix G#1 du concours Rankart !

Interview du 8/9/15 par Medeya de notre partenaire Rankart

Medeya : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Alain Rousseau : Je suis né à Lille et j’ai fait des études artistiques à Tournai en Belgique à 15km de Lille bien décidé à embrasser une carrière d’artiste. Mon père en ayant décidé autrement, car selon lui j’allais mourir de faim, j’ai dû bifurquer dans mes études pour prendre un métier sérieux et rationnel comme il disait.

J’ai donc exercé un métier de dirigeant dans des grands groupes internationaux, notamment chez Bouygues, à la construction du Tunnel sous la Manche, puis aux Ressources humaines de TF1, pour finir par un grand groupe international canadien.
J’ai donc rongé mon frein artistique pendant toute cette période, jurant qu’à la première occasion je reprendrais les pinceaux. Je me suis contenté pendant tout ce temps de rester en contact avec l’art en courant les expositions et les galeries  et en achetant les œuvres des autres. J’ai vécu 22 ans en Belgique tout en travaillant en France, puis ensuite à Paris et Strasbourg. Je vis depuis 7 ans en Chine mais je devrais définitivement rentrer à Strasbourg début 2016.

Medeya : Pratiquez-vous la peinture pour votre loisir ou en tant que professionnel ?
Alain Rousseau : La peinture au début quand j’ai repris les pinceaux à la fin de ma carrière professionnelle ne pouvait en aucun cas subvenir à mes besoins et il me fallait aussi prendre un peu d’assise dans cette fonction. J’ai donc suivi les cours de Pascal Antony peintre français ayant fait son écolage chez Paolo Conti, un peintre italien de renom de l’Academia di Bellarti de Florence avant de me relancer.

Medeya : Quel a été le parcours professionnel et/ou artistique qui vous a forgé en tant qu’artiste ?
Alain Rousseau : J’aime peindre des êtres vivants et suis très interpellé par leur œil par lequel en général je commence un tableau (ne dit-on pas qu’il est le miroir de l’âme ?). Si celui-ci me parle je continue. Comme j’ai été Directeur des Ressources humaines pendant plus de 40 ans j’ai eu à faire de la morphopsychologie et à étudier les visages et leurs expressions. La barrière professionnelle de fin de carrière à peine levée, l’éducation artistique reçue pendant ma jeunesse a repris le dessus et je me suis mis à peindre avec frénésie, parfois jour et nuit, peut-être pour rattraper le temps perdu.

Medeya : Pourquoi avoir choisi la peinture comme mode d’expression plutôt qu’un autre ? Quel a été le déclic ?
Alain Rousseau : Quand j’étais petit garçon, mon père, dans le cadre de son travail, m’a emmené visiter un atelier d’artiste et j’ai immédiatement été drogué par l’odeur de térébenthine qui s’est engrammée au fin fond de mon cortex et qui depuis ne m’a jamais quittée.
La peinture m’est donc apparue comme un moyen de jouissance au sens plein du terme et quand je peins, je ressens toujours cette pulsion quasi sexuelle.

Medeya : Votre vie et ses étapes influencent-t-elles votre art et de quelle manière ?
Alain Rousseau : De par mes différentes fonctions, j’ai été appelé à beaucoup voyager à l’international et à connaître différentes cultures et différents types d’individus. Les 7 ans que je viens de passer dans toute la Chine ont indéniablement complété ma culture, ma perception et ma sensibilité. J’ai d’ailleurs intégré bon nombre des aspects de la peinture chinoise dans mes relations avec les associations artistiques chinoises dont je fais partie.

Medeya : Comment définiriez-vous votre travail artistique ? Que dites-vous de vos œuvres à quelqu’un qui n’a jamais vu une de vos œuvres ?
Alain Rousseau : C’est un style que j’ai baptisé « chromobscur » car j’allie le clair-obscur des peintres du 17éme siècle et les couleurs des impressionnistes pour créer des tableaux qui ne se regardent pas de prés mais donne d’abord une impression de loin. Je partage d’ailleurs le point de vue que rapporteVictor Hugo sur Rembrandt qui n’aimait pas qu’on regarde un tableau de prés. Un tableau n’est pas fait pour être flairé. » 

Medeya : Pourquoi ces choix de sujet, de technique, de style ?
Alain Rousseau : Durant mes 3 années d’études artistiques en Belgique, j’ai analysé et décortiqué beaucoup de tableaux de toutes époques, pratiqué le dessin, la peinture, le modelage, la sculpture. J’ai aussi suivi des cours de cinéma et la connaissance de la grammaire cinématographique influence, comme au cinéma, mes cadrages, mes points de vue, l’importance de la lumière et la composition des plans. J’ai aussi travaillé dans la télévision et beaucoup fréquenté les plateaux de tournage.

Medeya : Qu’est ce qui, de façon générale influence votre peinture (peintre, cinéma, musique, auteur…)?
Alain Rousseau : Aujourd’hui je reste très influencé par le cinéma, mais je suis aussi depuis toujours un passionné de photographie que je considère comme de la peinture avec un appareil.

Medeya : Quel est le point de départ d’un tableau, la genèse d’une œuvre (un schéma, une image, le hasard, l’imagination seule, un peu de tout ça)?
Alain Rousseau : Je suis tout d’abord sensible à l’émotion ressentie dans l’une ou l’autre situation. Pour en fixer la furtivité je la saisis souvent à l’aide de l‘appareil photo qui permet de se rappeler de l’ambiance de l’instant fixé. Si je peins un personnage comme je l’ai dit je commence par son œil et j’entame alors avec lui une sorte de monologue, pour ne pas dire de dialogue. Je crée un être comme dans l’enfantement et je vais le mener de la même façon jusqu’à son terme. Je ressens alors de véritables sensations, voire des sentiments à l’égard de l’être vivant naissant sous mes yeux.

Medeya : Avec quel peintre d’hier auriez-vous aimez vous entretenir ? Et pourquoi ?
Alain Rousseau : Sans conteste, d’abord avec un maître flamand et plutôt avec Rembrandt dont la technique me fascine. J’aurais aussi aimé connaître un personnage plus fantasque mais combien talentueux et dont j’aime toute l’œuvre ; à savoir Salvador Dali. Ces deux personnages ont influencé leur époque tant par leur génie que par leur technicité ou leur originalité. Pour tout vous dire j’aurais voulu fabriquer mes pigments à l’ancienne et connaître la technique du blanc d’œuf. Pour Dali j’apprécie bien sur la plongée du tableau du Christ qui me fait penser aux techniques du cinéma.

Medeya : Et parmi vos contemporains ?
Alain Rousseau : J’aime beaucoup Alain Geneau, Dominique Guillemard, Jean Pierre Hénaut, Gérard Le Nalbaut, Paul Ambille, Gaston Bogaert, Claude Fauchère, Jean Claude Dresse tous peintres que j’ai côtoyés à la Galerie Fardel au Touquet et dont j’ai acquis certaines toiles. 

Medeya : Pouvez-vous nous citer un tableau que vous rêveriez de voir en vrai ? Pourquoi ce tableau ?
Alain Rousseau : Il y en a beaucoup mais si je devais choisir je voudrais voir le Christ en croix de Salvador Dali qui est une merveille de conception et d’exécution dont le symbolisme et le surréalisme me feraient le décortiquer durant des heures.

Medeya : Selon vous, à partir de quel moment un peintre, un photographe, un musicien… devient un artiste ?
Alain Rousseau : Être un artiste, qu’est-ce que cela veut dire ? Vos œuvres pour les uns sont des croûtes et pour d’autres tangentes le génie. Qui croire ? Projeter ses émotions, ses sentiments, ses passions dans l’interprétation d’un ressenti visuel et émotionnel peut vous permettre de faire œuvre d’artiste, mais tout ceci est sujet à l’interprétation humaine donc faillible.

Medeya : Quelle est l’exposition d’un autre artiste qui vous a le plus marqué ?
Alain Rousseau : J’ai rencontré Yvon Chabot il y a 30 ans lors d’un voyage en Chine et j’ai eu la chance de passer ensuite quelques temps chez lui à Valence ; j’ai donc pu toucher du doigt son talent et je peux dire aujourd’hui qu’il m’a beaucoup influencé.

Medeya : Quel est votre plus fort souvenir d’exposition personnelle et pourquoi ?
Alain Rousseau : Ma première exposition en Chine avec deux autres peintres chinois à la Maison de Montpellier à Chengdu présidée par le maire de Montpellier et le Consul général de France car elle a été le tremplin de ma carrière artistique en Chine.

Medeya : Artistiquement parlant, y a-t-il un rêve que vous n’avez pas encore réalisé ?
Alain Rousseau : J’ai un rêve qui comme tous les rêves est surement inatteignable, c’est d’exposer à la FIAC et à Basel Hong Kong.

Medeya : Quelle est votre actualité artistique ? Quels sont vos projets artistiques ?
Alain Rousseau : D’ici à la fin de l’année je participerais à l’exposition des plus grandes villes de Chine à Sanya, à une exposition au musée Chengdushi Meishuguan à Chengdu et à la Miami River Art Fair du 3 au 6 décembre 2015 aux USA.

Medeya : Pour se faire une idée de votre personnage de façon plus générale, j’aime bien soumettre à nos artistes invités les questions un peu naïves du thème de l’île déserte…
-Sur une île déserte vous emportez…
*Quel film ? « Les tontons flingueurs » que je connais déjà par cœur mais que je peux regarder 1000 fois en déclinant ses répliques cultes.
*Quel livre ? « Message des hommes vrais au monde mutant » de Marlo Morgan qui est une leçon de vie dans le tumulte du monde d’aujourd’hui.
*Quelle musique ? « Le canon » de Pachelbel qui a bercé toute ma période estudiantine et qui me transporte sur une autre planète quand je l’écoute.
*Quel objet ? Mon père m’aurais dit d’être pragmatique alors pour une île déserte, un couteau suisse.
*Lequel de vos tableaux ? Un IPAD à batterie solaire pour les regarder tous…avec nostalgie car je ne pourrais plus peindre.

Medeya : Quel voyage aimeriez-vous encore faire ?
Alain Rousseau : Un voyage intérieur pour mettre à jour les ressorts de mon âme, car pour les voyages classiques j’ai déjà fait le tour du monde.

Medeya : Quelles étaient vos ambitions d’enfant pour votre vie d’adulte ?
Alain Rousseau : Etre quelqu’un qui réussira sa vie et laissera une trace après sa disparition. Ne dit-on pas que l’art est la seule trace pérenne de notre passage sur terre. J’espère y avoir contribué !!!

Merci Alain !
Retrouvez Alain Rousseau sur son site Web.

http://paint-arousseau.com/fr/